Le système de santé camerounais comporte huit corps de métiers dont les infirmiers. À l’observation, dans toutes les institutions hospitalières, les professionnels de santé desdits corps travaillent en interaction et interdépendance, dans un contexte sanitaire difficile, pour l’atteinte des objectifs fixés par ces institutions et le Ministère de tutelle. Manifestement, les postes de responsabilité sont exclusivement occupés par certains corps de métiers (médecins) au niveau central, intermédiaire et périphérique. Les politiques de santé au Cameroun et en Afrique sont de ce point de vue contributives au handicap dont souffre ses systèmes de santé (Bourgain, Pieretti, & Zou, 2010). Le manque d’attention dont les acteurs au niveau central font preuve sur la question du corps de métier infirmier met à mal tout essai de professionnalisation impulsé par ces derniers eux-mêmes, dans ce contexte (Kan Koffi & Delmas, 2014).
Cette situation en plusieurs points questionne la valorisation de la profession infirmière par les acteurs du niveau central du système de santé camerounais (sommet stratégique). En effet, depuis l’avènement des soins infirmiers en Afrique, le sommet stratégique ne semble pas avoir dépassé le cap d’une représentation de substitut de la fonction médicale à l’égard du professionnel infirmier. La collaboration interdisciplinaire que devrait développer les infirmiers et sage-femmes avec les autres professionnels de la santé (les médecins par exemple) pour la délivrance de meilleures réponses aux besoins de santé est généralement verticale (Kan Koffi & Delmas, 2014). Pourtant, plus de considération pour les ressources infirmières serait une garantie pour l’amélioration d’une part de la qualité de soin, de l’humanisation des soins et d’autre part, de l’identification des compétences, qui serait une conséquence positive pour son autodétermination et son engagement à agir conformément à la déontologie essentielle à la qualité de service. Dans sa quête d’une reconnaissance au niveau national, le professionnel infirmier est tenté par l’émigration dans des contextes professionnels où il pourrait faire mieux valoir ses compétences. Or, celle-ci représente une réelle menace pour le système de santé africain (Nys, 2010). Il s’agit donc de proposer dans cet axe thématique, des pistes permettant de repenser la promotion de la valorisation de la profession infirmière à partir du sommet stratégique.