Défis de l’identité infirmière au Cameroun

     Depuis près de cent ans, la colonisation a fait goûter à l’Africain les plaisirs du savoir infirmier. Parti de l’assistanat des coloniaux médecins à la dotation des savoirs pratiques et théoriques, les soins infirmiers font face à une pléthore de défis depuis leur avènement. Le tumulte dont il est question ici a mis son empreinte sur l’identité de cette profession. La construction de cette identité professionnelle est un processus complexe en ce sens qu’il est le résultat d’une interaction de plusieurs facteurs (Toide, 2020). Elle se construit tout au long de la formation, dans les milieux professionnels, lors des interactions multidisciplinaires et avec l’environnement. Au-delà de ce fait, les professionnels infirmiers doivent s’exprimer en ayant conscience de la nécessité sociale du service rendu. Pour cela, ils doivent mettre en œuvre leur rôle autonome, le valoriser dans l’espace de soin, en montrant son enjeu sur le plan pratique. Ils doivent avoir confiance en eux-mêmes face aux acteurs qui se reconnaissent aux mêmes valeurs, gage de l’identité de ses professionnels (Dallaire, 2008). Mener une réflexion sur leur identité en contexte africain suppose donc avoir de l’intérêt sur leur être, leur manière d’être et sur celui qui fait leur être.

     Malheureusement, depuis leur advenue en terre africaine, cette identité reste mitigée pour des raisons aussi variées les unes autant que les autres. Le professionnel infirmier n’a pas dérogé son statut de collaborateur du médecin dans sa tâche du début de son histoire (Walker, 1962) en Afrique. La capacité d’être soi-même dans le système de santé est ce qui manque le plus à ce professionnel en terre africaine. En tant qu’acteur du système de santé, il semble lui-même ne pas faire le lien entre ses acquis de la formation et la mise en œuvre sur le terrain. Il semble que le simple fait de conduire leurs activités suivant un code de déontologie et des normes éthiques ne suffise pas à leur conférer une identité professionnelle. Ce que Durkheim nommerait pourtant « symbole », et qui donnerait sens à leur fonction sociale ou encore de moyen de transmission des savoirs d’une génération à une autre en pleine acculturation (Fugier, 2007). Il s’agit donc de proposer dans cet axe des pistes permettant de repenser l’identité du professionnel.